Accueil > Publications > Les thèses > Demander l’avis du patient quant au diagnostic de son trouble peut-il aider le médecin ?

Demander l’avis du patient quant au diagnostic de son trouble peut-il aider le médecin ?

James MOREAU

Thèse soutenue publiquement
le 8 décembre 2022
à la faculté de médecine de Poitiers
par James MOREAU
sous la direction de Olivier KANDEL, membre titulaire de la SFMG.



RESUME

Introduction : L’incertitude diagnostique est une problématique fréquente en médecine générale. Elle est souvent perçue comme une difficulté. Par ailleurs, il existe peu de références sur l’intérêt ou non de prendre en compte l’avis du patient lors des situations d’incertitude diagnostique. Il semblait intéressant de mesurer dans quelle proportion les patients délivrent leur avis à leur médecin, et si cet avis est une aide pour ce dernier.
Méthode : L’étude s’est déroulée en deux temps. Une étude descriptive prospective, menée auprès de 18 médecins généralistes de la Vienne et de Charente. L’analyse a porté sur un échantillon de 457 consultations en situation d’incertitude diagnostique. Les variables sur le patient concernaient : le genre, l’âge, la catégorie socio-professionnelle et la spontanéité de son avis. Les médecins qualifiaient selon l’échelle de Likert en 5 niveaux, si l’avis du patient était une gêne ou une aide. Ils relevaient aussi les « diagnostics ». Dans un deuxième temps, les résultats ont été présentés aux investigateurs lors d’un focus group en visioconférence, afin d’alimenter la discussion des résultats.
Résultats : Plus de 8 patients sur 10 avaient un avis concernant leurs affections. Cet avis était donné spontanément dans 67% des cas. Il était considéré par le praticien comme une aide dans 56% des cas. A l’inverse, il était considéré comme une gêne une fois sur quatre. Cette gêne était importante dans 5% des situations. Le clinicien porte moins de crédit à l’avis des patients de moins de 35 ans. En outre, il est plus gêné par l’avis des patients âgés de plus de 65 ans. L’avis du patient est perçu comme une aide marquante dans les pathologies infectieuses, les pathologies ORL, la cystite, la vulvite, les lombalgies, les sciatiques et dans les hernies. L’avis est considéré comme plus souvent gênant face aux problématiques psychologiques et dans les situations d’urgence.
Discussion : Cette étude atteste que les patients sont disposés à donner leur avis sur le trouble qu’il présente. De plus, les médecins considéraient que cet avis les aidait plus d’une fois sur deux. La simple prise en compte de l’avis du patient serait donc une aide peu
couteuse et parfois précieuse dans les situations d’incertitude diagnostique.

Mots clés : médecine générale, incertitude diagnostique, avis du patient, interrogatoire, anamnèse.


ABSTRACT

Introduction: Diagnostic uncertainty is a frequent problem in general practice. It is often perceived as an issue. But there are not many references on the interest of taking the patient's opinion into account in situations of diagnostic uncertainty. It seemed interesting to measure in what proportion patients give their opinion to their doctor, and if this opinion is a help for him or not.
Method: The study was realized in two steps. A prospective descriptive study, conducted with 18 general practitioners in the Vienne and Charente French departments. The analysis was based on a sample of 457 consultations in a situation of diagnostic uncertainty. The information collected concerned the patient (gender, age, socio-professional category), the spontaneity of their opinion on their disorder, if it was helping or not according to a Likert evaluation scale, and the consultation result. In a second step, the results were presented to the investigators with the aim of received their perceptions during a focus group by videoconference.
Results: More than 8 out of 10 patients had an opinion about their conditions. This advice was given spontaneously in 67% of cases. It was considered by the practitioner as a help in 56% of cases. Conversely, the patient's opinion was considered a hindrance one time out of four. This inconvenience was significant in 5% of cases. The clinician gave less importance to the opinion of patients under 35. Moreover, he was more annoyed by the opinion of patients over 65. The patient's point of view is perceived as a significant help in infectious pathologies, ENT pathologies, cystitis, vulvitis, low back pain, sciatica and hernias. The doctor is embarrassed by the patient's opinion when he presents psychological disorder and in emergency situations.
Discussion: This study confirms the patient has a spontaneous opinion on his disorder. More than one out of two times, the physician considers that he is helped by the patient's point of view. To conclude, the only consideration of the patient's opinion would be an inexpensive and sometimes valuable aid in frequent situations of diagnostic uncertainty.

Keywords: general practitioner, diagnostic uncertainty, patient opinion, questioning, history taking