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15 Fev. 2024 / Editorial

Quand nous donnera-t-on du temps ?

du temps pour nous former,
du temps pour avoir un dossier médical efficient,
du temps pour gérer le cabinet,
du temps pour former les internes,
du temps pour travailler avec les institutions utiles aux suivi des patients,
du temps pour maintenir le lien avec les autres professionnels de santé…
Et surtout, avoir du temps pour soigner les patients !

Pourquoi nous refuser ce temps ?
La vision comptable qui prédomine chez les instances dirigeantes de la Santé, sous-entend que cela coûte cher.
Prenons un peu de recul : lorsqu’on prend le temps d’écouter et d’analyser les demandes du patient, ce dernier est bien plus satisfait. Compris et certainement apaisé, il « consomme » moins d’examens, de médicaments et de soins.
Ce « renouvellement d’ordonnance » ne se résume pas au fait d’imprimer une ordonnance… Toute photocopieuse le fait sans problème. Avoir le temps de faire le point sur chaque problème de santé en relation avec les médicaments de l’ordonnance est indispensable. Cela permet de s’assurer que le traitement est bien adapté, d’améliorer l’observance et d’éviter la iatrogénie… Que d’économies !

Certes la médecine n’échappe pas aux « data ». La structuration des informations du dossier médical est indispensable pour analyser notre activité, que ce soit pour notre propre formation ou la santé publique. Mais cela peut nous conduire à une impasse : gérer la santé en ayant comme unique objectif de vaincre la maladie. On assite à une lente évolution : fût un temps où l’on prenait en charge une personne souffrante, puis imperceptiblement la médecine s’est centrée sur le corps, pour aujourd’hui ne s’occuper que de l’organe. La prise en charge de symptômes décharnés et déshumanisés a contribué à désorganiser le système de santé qui est embolisé par des examens et consultations inadaptés !
Ainsi, faute d’avoir le temps, nous en perdons !

Ce temps qui nous manque est la dimension humaniste de notre métier de soignant.
La dimension humaine, n’existe presque plus dans notre système.
Remettons l’humain au centre de nos préoccupations et chacun y trouvera son compte : le patient en premier lieu, le médecin satisfait de ses soins et nos instances car cela coûtera moins cher.


Yann THOMAS DESESSARTS
Membre titulaire de la SFMG

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