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06 Sept. 2022 / Editorial

La médecine générale : si vous saviez !

Olivier Kandel

Qu'est-ce que la médecine générale ? Combien d’étudiants en médecine pourraient répondre à cette question ? Comment faire le choix de cette spécialité sans en connaître la réalité quotidienne ?
Méconnue et parfois méprisée par les confrères universitaires, la médecine générale a longtemps été décrite en creux au regard des autres spécialités. Pour autant elle n’est pas la somme de tout ou partie de l’ensemble des spécialités. En revanche, l’opinion de la population est très positive et les patients savent se tourner vers leur médecin traitant pour être aidés et assistés dans un système de santé de plus en plus complexe et morcelé.
Malgré les incantations sans lendemain, des administrations sanitaires françaises : "le pivot du système de santé", "le virage ambulatoire " l'image de cette discipline reste sous-estimée par les étudiants, et totalement méconnue des responsables de la santé.
Près de 40% des jeunes diplômés en médecine générale ne s'installaient pas. Pire, l'hexagone pourrait perdre un généraliste sur six entre 2010 et 2025. Parmi les facteurs couramment avancés pour expliquer cette désaffection de la médecine générale, nous retrouvons en bonne place la méconnaissance du métier.
Et pourtant s'ils savaient !
Alors que l’âge de la retraite est progressivement repoussé, la question de la lassitude au travail devient un argument de choix de l’activité professionnelle. La spécialisation du travail ne cesse de croitre. La médecine, qui ne cesse de s’hyperspécialiser, n’échappe pas à ce phénomène. Sont apparus le rythmologue, l’hypertensiologue, l’épileptologue… Même les internistes ont vu naître le diabétologue. Après le sexologue, viendrait d’apparaître l’acouphènologue. On imagine la lassitude probable de nos confrères qui s’occupent d’une seule maladie pendant plus de 30 ans.
D’aucuns souligneraient un peu rapidement que le généraliste voit certes beaucoup d’affections et n’est pas enfermé dans un regard monomaniaque d’un organe ou d’une maladie, mais qu’il est limité à la bobologie, aux maladies non graves. Il n’en est rien, puisque, placé à l’entrée du système de soin, il faudra au praticien différencier le banal du potentiellement grave. Sachons que la démarche du médecin est bien plus complexe devant une épigastralgie, aux étiologies incertaines, que devant un ulcère gastrique ou même un cancer de l’estomac, au protocole très précis.
La complexité, qui est aussi la valeur ajoutée de la médecine générale, est de prendre en charge des malades plus que des maladies, au carrefour des sciences et de l’humanisme.
Les étudiants ne savent pas assez la diversité de notre travail : varié, inattendu et passionnant. Les maîtres de stage devraient en prendre conscience et veiller à bien le présenter aux externes et internes qui passent dans les cabinets.
La SFMG vient de publier un ouvrage à cet effet. Il a pour objet de donner, une description de la médecine générale à partir d’informations issues de l’Observatoire de la médecine générale porté pendant 15 ans par la SFMG. Une première partie retrace l’aventure de cet Observatoire. Suit une liste de 34 fiches didactiques intitulées « le saviez-vous » qui dressent un tableau de l’activité des généralistes. Une dernière partie tente de tirer les enseignements d’OMG dans
la perspective d'avenir.