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04 Aout 2021 / Editorial

Faute de munitions un fantassin rend les armes !

Olivier KANDEL

Devant l'incapacité de l'Agence Régionale de Santé à assurer une distribution régulière et constante des doses de vaccin, j'ai décidé à contre cœur et après quatre mois de bons et loyaux services, d'arrêter la vaccination tout le mois d’août. En effet, si le sujet n’est pas nouveau, les problèmes d'approvisionnement deviennent insupportables et perturbent maintenant trop les patients, les secrétaires et les médecins.

Le hiatus entre l'incitation médiatisée à se vacciner, les menaces faites à la population et l'incapacité à distribuer le vaccin est invraisemblable et irrespectueux.
En début de semaine j’ai dû une nouvelle fois annuler une séance de vaccination, donc faire appeler par la secrétaire chacun des patients « programmés ». Combien d’appels représentent depuis des mois ces prises de rendez-vous, d’annulations et de reprogrammations ?

On me dira que la vaccination dans les cabinets médicaux est marginale. C’est exact. Cependant je ne suis pas certain que pour atteindre l’objectif minimum de 85% de la population vaccinée, ces quelques milliers de doses ne soient pas nécessaire. La vaccination de masse, dans les grands centres (« vaccinodrome », centre de santé, grosse MSP…), est indispensable et essentielle. En revanche, l’apport des cabinets médicaux, des pharmacies et des infirmières, pourrait se révéler bien utile au final pour atteindre l’objectif.

Depuis trois semaines, la demande spontanée des patients diminuent progressivement. Nous avons alors adopté une attitude proactive qui consiste à évoquer le sujet lors de toutes les consultations. Nous allons en quelque sorte chercher chaque personne par la main. Et… nous y arrivons. Nous nous heurtons certes à des oppositions catégoriques, mais assez rarement. Il s’agit plus de peur, que nous surmontons aisément. On comprendra qu’en cette période où nous commençons à vacciner les plus « récalcitrants », mais aussi souvent les plus fragiles socialement, l’organisation et les plannings de vaccination ne peuvent être bousculés du soir au lendemain.

La suffisance des administrations de santé est pénible et décourageante. Elles ne s’expriment depuis un an et demi qu’à l’impératif et pas une fois au conditionnel. L’effet d’annonce est la ligne rédactionnelle.

Les conditions de vaccination nous « pourrissent » la vie depuis des mois. Dès le début de cette pandémie, « on » avait placé l’action sous le registre de la guerre. Force est de constater que le train et l’intendance sont défaillantes.

Olivier Kandel
Membre titulaire de la SFMG
Ces propos n'engagent que l'auteur




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