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22 Jan. 2010 / Editorial

1er principe de médecine dynamique

Michel Arnould

Billet d'humeur

Le médecin généraliste, principal acteur des soins primaires est, par certains côtés, comparable au fantassin d’une grande armée ; Il sait que la prévalence des maladies graves est faible dans son exercice quotidien, comme il sait combien il est difficile de faire un diagnostic au début d’une maladie, quand tous les signes ne sont pas encore présents ; la décision en situation d'incertitude et la gestion du risque sont son lot quotidien. Comme le fantassin, il est le plus exposé au danger. L’une des fonctions les plus nobles du médecin généraliste n'est-elle pas de repérer les cas graves et de leur assurer une prise en charge diligente et efficiente.

Le médecin généraliste a également la charge des patients atteints de pathologies chroniques souvent multiples, de les suivre dans le temps et de coordonner les actions des différents professionnels de santé, en intégrant, dans sa démarche décisionnelles, des recommandations de pratique multiples, parfois incohérentes entre elles, souvent peu pertinentes, comme les ordres de l’état-major peuvent apparaître peu pertinents aux fantassins sur le terrain.

Le médecin généraliste a enfin, une mission de santé publique. Il est le fantassin chargé de mettre en application, sur le terrain, les décisions de santé publique décidées en haut lieu (dépistage organisé du cancer du sein et du côlon, vaccination anti-grippale). Souvent, l’actualité l’a montré, le fantassin est en désaccord avec son état-major.

Car le médecin généraliste a désormais accès, grâce à l’internet, à l’ensemble des données de la littérature. Il est donc en mesure de critiquer, au sens littéraire du terme, les consignes qui lui sont données pour traiter ses patients (traitement médicamenteux de la maladie d’Alzheimer par exemple) ou lors de campagnes de santé publique (traiter par Tamiflu toutes les grippes cliniques par exemple).

Il semble nécessaire que les médecins généralistes, dans une salutaire rétroaction, puissent faire savoir aux « états-majors » que les consignes qu’ils donnent sont scientifiquement non pertinentes, excessivement coûteuses, ou dangereuses. Cette rétroaction doit être assurée par les sociétés scientifiques de médecine générale qui doivent dire, haut et fort, et de manière argumentée, qu’il ne saurait être question, pour les fantassins d’obéir aveuglément aux ordres, surtout quand ils sont incohérents, pour le bien des patients et du système de santé.

Car, quand le fantassin se trompe, il doit rendre des comptes, à son patient, ou à la justice.
Il ne serait pas de la plus grande injustice, lorsque l’état-major se trompe, qu'il doive également rendre des comptes, aux patients et à la nation !

Michel ARNOULD