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26 Mars 2009 / Editorial

Carte vitale : limiter la fraude ou véritable scandale ?

Olivier Kandel

Billet d'humeur

Après plusieurs années pour finaliser la carte vitale, celle-ci est dans le circuit depuis une dizaine d’années pour les plus anciennes. En 2007, une deuxième génération de carte a été initiée. La grande nouveauté, source de bien des retards, est l’ajout d’une photo de l’assuré. Passons sur le coût et la non préparation de cette opération qui a d’ailleurs été épinglée par la cours des comptes et qualifiée de "décision politique". Pour le médecin qui utilise cette carte tous les jours, cette photo pose deux autres questions.

  • Il est curieux d’une part, d’avoir apposé cette photo sur le support physique alors qu’une intégration dans la puce électronique aurait permis une limitation du coût et une évolutivité ! Il est affligeant de voir qu’après 15 ans de travail sur le sujet on en reste encore aux méthodes du siècle dernier. Malgré les bons soins de leurs médecins traitants, les patients vieilliront tout de même et on imagine qu'il faudra changer la photo et donc la carte tous les dix ans !

  • On ne peut s’empêcher en tant que médecin de se demander d’autre part, où peut bien être la fraude à la carte vitale. A qui pense-t-on ? Qui fustige-t-on ? Depuis l’avènement de la CMU qui peut bien ne pas être assuré ? Les étrangers en situation irrégulière peut-être. Mais ils ont recours à l’aide médicale état (AME) dont les soins sont certes affectés sur un autre budget de l'état. Dans ma pratique il existe des gens qui n’ont pas fait les démarches pour obtenir soit la CMU, soit l’AME. Mais je peux attester que l'obtention est rapide. En y réfléchissant bien, je ne trouve aucun exemple plausible de fraude à la carte vitale. Imaginons l'exemple peu probable d'un patient qui utiliserait la carte de sa compagne, car la sienne est en cours de renouvellement depuis… 3 mois ! Et admettons que le médecin accepterait cela (ce qui m'est déjà arrivé). D'un point de vu globale l'assurance maladie n'est pas pénalisée, les dépenses seraient seulement affectées sur un autre patient. C'est en revanche la mutuelle complémentaire qui serait légitimement amenée se plaindre, car il n'est pas certain que le patient souscrive la même assurance complémentaire que sa compagne ! Je n'ai pas trouvé pour le moment d'autre exemple. Il en existe, sans doute, mais marginaux comme celui-ci.

Il serait intéressant de connaître le coût de cette opération. Une telle dépense inopérante est en soit un véritable scandale en cette période ou l'on stigmatise les assurés au sujet du déficit de la sécurité sociale.

Olivier Kandel



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